Le clan du Buffle

A/ La Société du Buffle : une hiérarchie héritée de la spiritualité :

Comprendre l’organisation politique et sociale du clan du Buffle ne peut se faire sans la lecture préalable des écrits de Nù (dont un extrait débute la cosmogonie impériale). Si l’on se réfère aux écrits de ce Sage, l’univers fut crée par un Souverain Maître, Être Suprême, impossible à percevoir car au-delà de nos propres facultés de perception. Cet être engendra le monde et tout le reste, Eléments, Principes, Qualités, et même les divinités.

Mais ce qui n’apparaît pas dans les textes impériaux – pour des raisons propres à l’Empire -, c’est la conception émise par Nù en son temps, indiquant que l’Être Suprême aurait, après la création du monde, crée le reste à partir de son propre corps, à partir de ses propres organes. Il indiqua ainsi que « l’être suprême a destiné d’abord tel ou tel être animé à une occupation quelconque, cet être l’accomplit de lui même, toutes les fois qu’il revient au monde. Quelle que soit la qualité qu’il lui ait donnée, en partage au moment de la Création- la méchanceté ou la bonté, la douceur ou la rudesse, la vertu ou le vice, la véracité ou la fausseté-, cette qualité vient le retrouver spontanément dans les naissances qui suivent. De même que dans leur retour périodique, les saisons reprennent naturellement leurs attributs spéciaux, de même les créatures animées reprennent les occupations qui leur sont propres. Pour la propagation de la Race humaine, c’est ainsi que le Souverain maître produisit le Brahmane (prêtre), le Kshatriya (aristocrate guerrier), le Vaïsha (laboureur) et le Shudra (serviteur), de sa bouche, de son bras, de sa cuisse et de son pied.

[…] l’Être Suprême assigna des occupations différentes à ceux qu’il avait produits de sa bouche, de son bras, de sa cuisse et de son pied. Il donna en partage aux brahmanes l’étude et l’accomplissement des Vérités, l’accomplissement des sacrifices et la direction de ceux offerts par d’autres, le droit de donner et celui de recevoir.

Il imposa pour devoir au Kshatriya de protéger le peuple, d’exercer la libéralité, de sacrifier, de lire les Livres Sacrés et de ne pas s’abandonner aux plaisirs des sens.

Soigner le bétail, donner l’aumône, sacrifier, étudier les Livres Saints, commercer, prêter à intérêt, labourer la terre : telle sont les fonctions allouées au Vaïshya.

Mais le Souverain Maître n’assigna au shudra qu’un seul office : celui de servir les classes précédentes sans déprécier leur mérite. »

Avec les quelques lignes ci-dessus, vous comprendrez mieux l’organisation de la société qui va suivre.

1- à la tête, les Brahmanes :

Selon Nù, le brahman est issu de la bouche de l’Être Suprême, « partie la plus pure du corps. Parce qu’il provient du membre le plus pur, qu’il est né le premier et qu’il possède la sainte écriture, le brahmane est de droit le seigneur de toute création. ». Si ces lignes lyriques semblent quelque peu glorifier le brahmane, il ne fait que justifier un pouvoir politique et religieux au seul main de cette caste dominatrice.

Par le passé, le clan avait reçu du pouvoir impérial la pleine possession de la Justice (basse, moyenne et haute) et le chef de clan (issu de la caste de kshatriyas) avait même parfois reçu le titre honorable de gouverneur et de chef militaire de la province. Mais ces années fastes sont terminées depuis que le couple impériale actuel s’est installée aux rennes du pouvoir. Le chef de clan s’est vu retirer ses titres et privilèges ainsi que la Haute et moyenne justice. Seul la basse justice a été confiée au chef de clan et aux brahmanes.

Les raisons d’un tel changement sont multiples et nous n’en citerons que quelques-unes. En premier lieu, le non respect des lois impériales par les brahmanes qui préféraient appliquer les lois de Manu (Manavadharmasastra), antique code, jugé inadapté et interdit par l’Empire depuis plusieurs centaines d’années. Cette faute grave aux yeux de l’Empire fut jugée comme une trahison et une rébellion envers le pouvoir du Couple Impérial. En second lieu, les revendications de certains chefs de clan, se disant descendant des Véda en droite ligne les plaçaient en position de supériorité sur le Couple Impériale. Or, si cela était du plus mauvais effet, lorsque ces chefs tentèrent d’imposer leur autorité, le courroux impérial trancha net !

Les brahmanes tentent aujourd’hui de s’attirer à nouveau les faveurs de l’empire mais le chemin est encore long. Pour montrer leurs bonnes volontés, ils ont accepté les changements spirituels proposés par la Voie Lumineuse et s’efforcent de réussir les concours impériaux pour gravir les échelons administratifs. Ils furent les premiers, leur honneur est de retrouver ce statut à l’échelle de l’Empire.

A l’échelle du clan, ils restent la caste dominante. Ils ont, en effet, les fonctions de prêtres, d’enseignants et d’hommes de loi. Mais une autre caste possède également un grand prestige : les Kshatriyas.

2- les Kshatriyas, une caste guerrière et aristocratique :

Cette caste regroupe le chef de clan et sa famille, les princes, les administrateurs et les soldats

Le chef de clan est d’ailleurs le Premier Kshatriya, et se nomme Charissa Shiva – En tout individu se trouve la dualité primaire (le masculin-féminin, l’esprit-corps, etc.), il n’y a donc aucune distinction entre la femme et l’homme, pour l’occupation d’une fonction mais des différences existent et ont un effet sur les comportements spirituels ou dans la vie quotidienne - .

Elle est âgé de 35 ans printemps et a accédé à la tête du clan, voici peu de temps, après que son mari et ancien chef de clan soit tragiquement décédé d’une défenestration. Depuis, elle dirige son clan d’une main ferme et juste, soutenu par le reste de sa caste et par la caste des brahmanes.

Charissa Shiva est une femme autoritaire qui croit être une parente de Shiva, une des divinités crées par l’Être Suprême. Elle se trouve donc forte déconvenue face au gouverneur impérial, Mei Kun, pure produit des écoles de l’empire, d’un âge respectable de 55 étés. Celui-ci ne croit en rien si ce n’est aux faits et aux chiffres. La spiritualité qu’affiche le clan du Buffle et leur chef, ne l’intéresse pas ou avec mépris. Des conflits nombreux l’opposent d’ailleurs aux brahmanes et en particulier à Charissa Shiva dont il ne connaît en rien la prétention de descendance divine, et encore moins ne les fait respecter par le biais du protocole impériale. Tout juste la considère-t-il comme une jeune arriviste, pleine de prétention mais peu à même d’ébranler la Puissance de l’Empire.

Le conflit qu’affiche ses deux personnalités opposées n’est qu’un des exemples qui opposent le Buffle à l’Empire ou du moins qui vient déranger les plans de Charissa Shiva et des brahmanes. En effet, bien qu’encore dépositaire de la place prééminente sur le reste du clan, les brahmanes ont perdu beaucoup de leurs prestiges depuis que l’Empire a revu leurs privilèges à la baisse. (voir plus haut). Charissa, fière et sûr de son ascendance ne fait rien non plus pour s’attirer les faveurs de l’Empire. Elle se sent humilier par les comportements du gouverneur Mei Kun, homme qu’elle ne supporte pas du tout.

Pourtant Charissa n’est en rien une femme stupide, bien au contraire. Elle a une réputation de diplomate glaciale et difficile à contrer. Elle utilise même le système impérial pour parvenir à ses fins. Chacune de ses victoires diplomatiques est une pierre à sa gloire. Elle espère que le Feng ou la Kirin se rendront compte de leurs mauvais choix quant au couple impérial actuelle et croit fermement qu’un jour, elle se trouvera sur le trône en tant qu’impératrice.

Si une partie de la caste des kshatriyas la suit fidèlement, de nombreux autres membres se posent des questions sur son accession au poste de chef de clan, tout comme ils s’interrogent sur sa personnalité, ses ambitions. Nulle opposition ne s’est encore manifestée mais il est certain que Charissa n’a pas le soutien complet de sa propre caste. Mais le soutien des brahmanes empêche quiconque de s’opposer à son pouvoir. La crainte du courroux divin en dissuade beaucoup d’agir, tant que des signes précis ne sont pas envoyés.

La caste participe aux rites, aux fêtes et aux offrandes quotidiennes (voir les mœurs). Ils sont les exécuteurs des sentences judiciaires, sous les ordres des brahmanes. Ils sont aussi la force militaire du clan. L’armée est d’ailleurs un élément de fierté pour cette caste. Les soldats formés dans ce clan reçoivent un entraînement complexe tissé de pratiques guerrières comme le maniement des armes, mais aussi des pratiques comme les techniques des Tantra, sortes de rituels, associé à une doctrine et une éthique propre à cette caste. Seuls les guerriers les plus accomplis acquièrent cet enseignement dans sa globalité, les autres formant les fantassins de base (sans connaissance de Tantra).

3- la caste inférieur : les vaishyas

Si dans un passé lointain, encore perceptible dans les textes sacrés, le vaishya était destiné à être laboureur, les éons ont transformé cette caste. Aujourd’hui, elle est composée d’artisans, de quelques rares propriétaires terriens et surtout de commerçants.

Cette population est nombreuse et respectueuse de la hiérarchie. Elle participe à la vie de la société dans son ensemble, convaincu de la bonne organisation du clan, rassuré par la protection des kshatriya. Mais cette population évolue car elle est la plus en contact avec l’Empire. Il en résulte des volontés de changement, d’intégration à la structure existante de nouvelles idées, de nouvelles conceptualisations. Parmi ces changements, certains personnalités riches et importantes de la caste des vaishyas aimeraient casser la hiérarchisation du Clan pour suivre un ordre de type impérial, basé sur le mérite et non sur des critères purement spirituels comme cela est encore pratiqué sous le contrôle des brahmanes.

Certains ont même créé des mouvements mêlant politiques et religion, doctrine et philosophie qu’un observateur pourrait qualifier de « Sectes ». Ces sectes sont un danger pour le pouvoir clanique mais pas pour l’empire. Or, l’Empire semble inquiet des activités de ces sectes et quelques agents impériaux espionnent quotidiennement dans la province du Buffle. On ne sait hélas que peu de choses au sujet des Sectes mais il semblerait que des sacrifices humains (interdits depuis des siècles par l’Empire) soient pratiqués en hommage à des divinités inconnus.

4- la caste des Shudras, les Intouchables et autres sous castes ( Jati) :

Cette caste rassemble tous les agriculteurs et les serviteurs. Elle est la plus basse mais est susceptible de respect puis qu’issu du pied de l’être suprême. Ce n’est pas le cas d’un petit groupe d’individus, exclus et hors du système : les Intouchables, impurs et maudits.

Au fil des siècles, s’est formé progressivement un découpage de la société, légèrement différents mais qui ne remet aucunement en cause la hiérarchie ancestrale encore en vigueur. Des sous castes ou jati sont apparus au sein même des autres castes pour y regrouper un ensemble de professions apparus au fil des éons. Ainsi les musiciens, troubadour, comédiens, etc, forment un jati intégré dans la caste des vaishyas. Les administrateurs et les soldats ont formé deux jati au sein de la caste des kshatriyas.

B/ l’économie :

Le clan a une économie subdivisée comme sa hiérarchie.

D’abord, les revenus de la Terre (riz, coton, chanvre, divers fruits exotiques), de la Pêche (truite, carpe, crapaud, triton, Nacre, Corail etc.). Puis les produits artisanaux (coupe de bois précieux, de bois de chauffe, fabrication de charbon de bois, poterie, céramique, fabrication d’alcool de riz, fabrication d’étoffe de coton, sculptures, etc.)

Le commerce est considéré comme un art noble et respectable. Toutes les productions du Buffle sont commerçables. Certaines rumeurs racontent que l’esclavagisme est pratiqué (surtout s’il concerne des Intouchables, vendu aux provinces voisines). Le commerce est surtout centralisé dans les Trois Villes de la province du Buffle.

  • 1- Ayurdirna est la ville portuaire où est centralisé le transit maritime. Positionner à l’embouchure du fleuve, au milieu du delta, elle est le lieu de réception et d’envoi de marchandises arrivant par la mer ou par la voie fluviale. Elle est entourée de nombreuses exploitations agricoles (surtout de rizières). Son temple principal est dédié au Veda Yadur, divinité protectrice de la cité.
  • 2- Samartha se trouve à mi chemin entre l’océan et la province d’Oyama. En son sein se trouve le palais du chef de clan, Charissa Shiva. Elle accueille les plus importantes personnalités du pays et bien sûr toutes les activités artisanales propres à répondre aux besoins des kshatriyas (orfèvrerie, commerçants, sculpteurs, etc). Elle est aussi un carrefour routier important, entre le dragon et le tigre ou l’empire. Les convois qui y passent sont sources d’importants revenus fiscaux. Lors des périodes des moussons, tout le commerce passe en cette ville pour éviter les problèmes climatiques qui ravagent le sud de la province. La ville est dédié au Veda Sama.
  • 3- Girtara est situé au nord de la province sur un flanc montagneux. Elle est entourée d’exploitations minières. C’est dans cette cité que se situe la préfecture impériale dans laquelle siège le gouverneur Mei Kun ainsi que la garnison impériale. C’est une ville quelque peu à part dans la société du Buffle car l’influence de l’Empire y est grande. Nombre des vaishyas et quelques kshatriyas aimeraient d’ailleurs que cette ville soit intégrée au territoire d’Oyama, tant ils se sentent détachées de la hiérarchisation de leur clan. Des rumeurs disent aussi que cette ville est le principal lieu d’infection des Sectes (vus plus haut) mais aucune preuve n’existe encore à ce jour pour confirmer ces dires.

Toute la province n’est pas soumise à l’Homme. De nombreuses parcelles sont encore couvertes d’une jungle épaisse et dangereuse. Des animaux, des génies (Sei Di), des créatures étranges s’y trouvent et sont craintes par la population. Mais ces jungles sont aussi des lieux de richesse (plantes médicinales, épices, etc)

C/ les mœurs, la spiritualité dans le clan.

Les mœurs quotidiennes sont encore liés aux anciennes croyances mais sont en pleine évolution depuis une dizaine d’années, depuis que l’Empire a soutenu la diffusion de la doctrine de la Voie Lumineuse dans la province du Buffle. Cette Ecole de vie prône une dharma (doctrine) très proche de celle pratiqué dans le clan mais en même temps, elle dénonce la hiérarchisation du clan en castes. (Voir la Voie Lumineuse). C’est aussi un sujet de dilemme entre les brahmanes et l’Empire.

a- les rituels quotidiens :

Ces rites restent profondément ancrés dans les mœurs. Il s’agit d’une succession d’obligations quotidiennes. Un buffle prépare traditionnellement 5 offrande ou sacrifices :

  • une offrande d’une partie d’un repas pour tous les dieux
  • une libation d’eau mélangée de graines de sésame pour les esprits des morts
  • une offrande dédiée à toute l’humanité
  • un rite d’hospitalité envers les visiteurs
  • et une récitation d’un passage des Textes Sacrées aux jonctions de l’Aube, du Jour, du Crépuscule et de la Nuit.

La pureté est importante à tout moment du quotidien, surtout pour le brahmane. Ainsi un buffle procède à des ablutions régulières avant tout acte cultuel mais,aussi, se lavent à l’eau pur s’il est souillé par un contact avec des choses impurs (contact avec des chiens, des aliments interdits, etc) ou avec un membre d’une caste inférieur. Le jeûne est aussi un autre moyen de se purifier.

b- les principaux rites de passage :

L’initiation :

Le Buffle passe par des moments marqués dans sa vie sur le plan spirituel. Il est d’abord initié (sauf le shudra) aux études religieuses et entre par ce biais dans sa vie d’adulte. C’est à partir de cet instant qu’il intègre sa caste au moment de sa seconde naissance. On lui remet une tunique neuve et on lui noue une ceinture autour de la taille.

Le mariage:

Cette célébration constitue un événement majeur qui dure trois jours. La date est fixée par des astrologues et la cérémonie est marquée de rituels complexes dont des offrandes aux divinités. Les mariés font sept fois le tour du Feu Sacré afin que soit sanctionnée leur union puis leurs vêtements et leurs mains sont noués afin de consacrer le caractère irrévocable du mariage.

Les funérailles :

La crémation est la forme traditionnelle des funérailles. L’enterrement est réservé aux enfants et aux ascètes. La crémation n’a pas pour but de détruire le cadavre mais de le préparer pour son voyage vers l’au-delà et son retour à la Source. La création se passe d’ailleurs au abord d’une rivière ou d’un fleuve. Les cendres sont dispersées dans les eaux.

Les changements apportés par la Voie Lumineuse

Outre les pratiques religieuses propre à la Voie Lumineuse, des changements se sont inscrits dans le quotidien des buffles. Ainsi une conduite éthique a été instituée sans heurts puisque elle est assez proche des écrits de Nù. Ainsi un buffle doit cultiver les qualités essentielles que sont la générosité, la bonté, la compassion, la sagesse et le respect des 5 préceptes de base : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas avoir de rapports sexuels préjudiciables, ne pas mentir, ne pas consommer de produits toxiques… bien sûr cette conduite éthique est plus ou moins bien respecté par les membres du clan et en fonction des castes dans lesquelles ils sont.

La méditation et la pratique du zen ont commencé à se répandre au sein de la population. De même un enseignement aux mains de moines de la Voie Lumineuse se répand au grand mécontentement des brahmanes, seuls habilités à être la bouche de l’Être suprême.

Enfin, de nombreux petits autels se sont hérissés dans la province, abritant, statues dorées à la feuille, reliques des Eveillés, etc.

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